Santé : ce que prévoit le reste à charge zéro concernant les aides auditives
Lors de sa campagne pour la présidence, Emanuel Macron s’est engagé à ce que les Français aient accès à une offre de soins sans reste à charge dans les domaines de l’optique, de la prothèse auditive et de la prothèse dentaire d’ici à la fin de son quinquennat. La question épineuse du reste à charge 0 pour l’audioprothèse a fait couler beaucoup d’encre.
« L’objectif est de diminuer le renoncement aux soins pour des raisons financières et d’améliorer l’accès à des dispositifs qui répondent à un enjeu de santé important »
Reste à charge 0 : le décryptage
Le Reste à charge zéro pour les appareils auditifs ne s’appliquera qu’à partir de 2021.
Une application en 2021 mais de meilleurs tarifs dès l’année prochaine :
La réforme va s’étaler sur 3 ans :
– En 2019, le prix des produits Classe I sera plafonné à 1300 euros par appareil avec une base de remboursement de 300 euros pour la sécurité sociale.
– En 2020, le prix des appareils CLASSE I sera baissé et limité à 1100 euros maximum. La base de remboursement de la Sécurité Sociale passera de 300 à 350 euros.
– En 2021, le prix maximum pour les appareils auditifs Classe I sera de 950 euros, la base de remboursement de la sécurité sociale atteindra 400 euros. Ces 950 euros seront totalement pris en charge par la Sécurité sociale ainsi que votre mutuelle
A partir de 2021, on espère que le reste à charge zéro en audioprothèse portera bien son nom.
L’offre 100% remboursée comprendra des appareils auditifs classiques garantis 4 ans. Le patient pourra essayer durant 30 jours ses aides auditives et ce sans engagement d’achat. Après achat, un suivi régulier est préconisé pour régler l’appareil en fonction d’une éventuelle évolution de l’audition.
Sachez par ailleurs, qu’une offre à tarif libre subsistera pour celles et ceux souhaitant acquérir des équipements dernier cri (si vous choisissez des appareils très techniques par exemple, avec beaucoup de réglages ou encore des appareils rechargeables ou connectés au téléphone).
Attention cependant : des questions restent en suspens
La première : si en 2021 vous souhaitez un modèle qui coûte 1 000 euros alors que pour un reste à charge zéro vous ne devez pas dépasser 950 euros, pourrez-vous ne régler que le différentiel de 50 euros ? Ou au contraire, l’appareillage sera-t-il entièrement à votre charge et celle de votre complémentaire ? Les professionnels du secteur ne savent pas aujourd’hui y répondre.
Certes cette offre de soins permettra d’assurer un meilleur remboursement des appareils auditifs, néanmoins, il pose un risque quant à l’efficacité de l’appareillage choisit par le patient. En effet, le panier de soins sans reste à charge, dit « nécessaire », risque d’inciter les patients à sélectionner des appareils auditifs d’entrée de gamme. Or, si le patient souhaite obtenir une correction performante (notamment dans le bruit), ces produits ne répondront pas à ses attentes. Cela risque d’entraîner un port non régulier des appareils, diminuant de facto leur efficacité.
Enfin, permettre à tous les Français couverts par une complémentaire santé d’accéder à ces soins constituera une avancée. Une avancée qui risque toutefois d’être chèrement payée par les consommateurs. On peut légitimement craindre des hausses de cotisations des complémentaires santé.
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